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Renaud Longchamps

Photographié par Stéphanie Gilbert.

Extraits de Légendes suivi de Sommation sur l'histoire

 

Le pré

 

Il est d'une étendue perfectible.

 

Au contraire de la rivière, il permettra quelque certitude. Au contraire de la cédraie dont l'inertie retiendra l'eau avant le propos.

 

Parfois c'est le bruit de la pluie.

 

Le bruit de la lumière.

 

                                        *

 

Faune et flore

 

Je ne nommerai pas cette maladie; elle concerne la flore et l'inquiétude animale.

 

Le vers hermaphrodite n'a pas de fruit. Il est au ciel, c'est-à-dire au centre d'où l'on ne partage pas l'encerclement des espèces.

 

Quant aux genres, tous ces chaînons manqués qui pourrissent dans l'Histoire...

 

Encore! Au ciel, ils trébuchent dans l'eau.

 

                                        *

 

Je me lève

 

Je me lève d'une trace

d'où la traîtrise de l'air

gravité sans tache

sans usure

 

Va pour la présence

et sa poussée

de poussière

 

Ainsi vous salivez avec votre siècle

sur une terre excessive

dont la matière rendra tous les corps neufs

dans l'équilibre

 

Je me lève

depuis la perte et l'erreur

depuis des corps imposés

en quatre-vingts heurs martiennes

et c'est assez

de volonté

 

Je me lève de rien

parfaitement

obligé

 

J'y verrai sans garantir votre visage

contre le ridicule du témoignage

où la ride relève du sinistre aujourd'hui

notre commune matière à être

fouisseurs

dans l'éclatement des fossiles

 

Debout tu me presses à la parole

alors que de pelures

je m'embouche

 

Je m'emboucherai en cette marche

déshonorée de la vie

car le temps parfois

corps

rompu

 

Partout je m'enfoncerai

c'est la loi

 

Par terre je resterai

comme l'hypothèse de la main pour une caresse

 

                                        *

 

La lumière masque le mouvement

 

Elle dépasse la vaste symétrie de l'os

qui fait équilibre

et défaut

 

Je ne porterai plus le jour sur mon corps

à jamais dégoûté des commencements

 

Il gît là

dans le poing ouvert

sans astronomie

 

Seulement j'avancerai sous le vent

cru

poudre de petits pas

et de cris magiques

 

                                        *

 

La physique des quatre dimensions

n'est pas observable

 

Regarde l'univers:

il reste en bas

avec la loi

et le simple esprit de la loi

 

Il s'agite en tout corps qui s'achève

et ce n'est jamais la fin

au passage du pas léger de la mort

 

Tout au plus un toit

et une fenêtre

sur d'autres toits

 

À jamais je temporise

entre le moins possible d'hommes

et l'affreuse communauté

de ma chair