La version de votre navigateur est obsolète. Nous vous recommandons vivement d'actualiser votre navigateur vers la dernière version.

Renaud Longchamps

Photographié par Stéphanie Gilbert.

ACCUEIL CRITIQUE DU LIVRE

 

Gilles Toupin, Renaud Longchamps et la terre oubliée, La Presse, le 25 mars 1989.

Après presque vingt ans de poésie et une quinzaine de recueils, Renaud Longchamps a reçu la semaine dernière le prix Émile-Nelligan 1989 pour son dernier ouvrage Légendes suivi de Sommation sur l'histoire. Jamais lauréat n'aura tant mérité le prix Nelligan.

Car c'est une entreprise singulière en poésie québécoise que celle de cet infatigable poète, entreprise qu'il fallait bien, un jour ou l'autre, mettre en lumière; œuvre toute en subtilités, en délicatesses, en économie; écriture qui dès ses origines a trouvé son créneau, sa spécificité, un ton à nul autre pareil.

Renaud Longchamps nous a toujours parlé des choses de la vie, des plantes, des animaux, des espèces vivantes, de ce qui bouge et remue sur cette planète bleue, comme d'une sorte de testament ou, peut-être, de nostalgie alors que l'environnement planétaire est en but aux méfaits de l'homme, que les couches protectrices d'ozone sont peu à peu détruites et que les grandes forêts tropicales sont rasées au rythme de la grandeur d'un terrain de football à la seconde. En sourdine, dans ces vers, on peut saisir cette autre interrogation sur cette bien étrange terre: quelle serait la finalité de cette grosse boule vivante?

Des pointes de scepticisme, des soupçons philosophiques pointent également ici et là. Une citation d'Aldous Huxley, en exergue, donne le ton: "Comment savez-vous si la Terre n'est pas l'enfer d'une autre planète".

Sur un mode à la fois cynique et humoristique, le poète élabore une suite extraordinaire de courts textes, à son habitude, où le filon thématique nous est plutôt suggéré que livré dans toute son ampleur. Ce travail sur le langage, Longchamps l'aborde avec des subterfuges qui s'appuient sur la retenue et la suggestion. Ses verbes transitifs défient parfois la grammaire pour nous priver de tout objet, ses participes passés osent à l'occasion se passer d'auxiliaire et il nous reste à nous, lecteurs déboussolés, qu'à se laisser happer par la beauté et le pouvoir de suggestion de ces fossiles de phrases qui contiennent plus qu'ils ne laissent croire au premier abord.

Légendes et Sommation sur l'histoire mettent en place toute une archéologie du vivant, l'interrogeant sans répit, comme pour en décrypter le sens: "Ça ne gêne pas/la certitude d'être sur terre/pour y rester" ou encore "Délivre-moi de l'univers à la petite cuiller". Dans ses rapports avec le périssable, Renaud Longchamps revient sans cesse aux notions d'aléatoire, de hasard, de contrainte. Souvent, il nous amène en plein paysage de désolation, comme si la planète avait subi quelque cataclysme et que ce dernier nous aurait anéantis. C'est notamment le cas avec le très beau poème La terre oubliée:

La terre oubliée

que tu combles de

l'épuisement des espèces

 

Pour cet arbre un sol

excessif

 

Pour cet os

une place auprès de l'os

 

Là-bas une ville rentre dans la feuille

aux abois

 

Voilà le tombeau

de nouveau plein de problèmes

matière sous le manteau

maladroite

 

Société de l'usure

après laquelle viendra l'humanité

une coque de plus que

l'univers fait frissonner

***

Hugues Corriveau, La clarté stricte du regard, Trois, volume 4, numéro 3, 1989, page 134.

Il est vrai que Renaud Longchamps poursuit son œuvre avec une régularité et une exigence exemplaires. En effet, quelle fidélité à elle-même que cette œuvre osbtinément écrite contre le silence et l'angoisse, contre la déprime contemporaine, contre la lente et lancinante tentation de succomber à la morosité des temps modernes. Avec Légendes et Sommation sur l'histoire, Longchamps ajoute une pierre à l'édifice qu'il érige courageusement depuis des années. Anthropologue, paléontologue des origines, l'auteur écrit ses courts textes taillés au silex. Et comment ne pas penser à Gilles Hénault, à son remarquable texte "L'invention du feu", lorsqu'on voit un contemporain mettre toutes ses énergies à retracer la courbe, le lieu, l'absolu du silence? Car cette poésie, dans son apparente froideur, côtoie le tragique, sans par contre y tomber jamais. Cet équilibre autour des gouffres, ces textes hachurés, tout mot pesé à travers une constante économie, donnent à penser que la parole se fonde (voir aussi Mystère de la parole d'Anne Hébert pour cette semblable passion du commencement de tout ce qui se dit), ou qu'elle retourne au lieu premier, à sa prononciation. Démiurge, en quelque sorte, l'auteur qui, disant le réel, fait advenir le regard, la clarté stricte du regard. Qui n'a pas cette impression d'un angoissant amour de l'univers qui cherche ses mots, même dans l'ironie décapante, pour ne pas s'abîmer dans quelque aveuglement? On pense à Francis Ponge aussi au détour de certaines eaux nommées, d'une certaine "Cédraie", d'une "Voie ferrée", mais toutes ces allusions à d'autres œuvres sont ici d'une très grande qualité comme si, sous-jacent à l'expression, le texte culturel avait aussi part aux origines du monde. Longchamps parle en effet "à partir de", sur le "fond" originel de l'évolution, mais il parle aussi en lecteur, ne renonce en rien à la culture, pour ravi qu'il soit par l'état premier de la matière. En écrivant ces mots, je me rappelle avoir éreinté en d'autres lieux et il y a nombre d'années, un recueil fondateur de l'œuvre de Longchamps, soit L'État de matière qu'il a publié en 1978. Dix ans plus tard, après de grands livres dont on n'a pas assez parlé, après Miguasha, après Le Détail de l'apocalypse, Renaud Longchamps impose sans contredit l'un des projets poétiques les plus cohérents et une des voix les plus authentiques de la poésie québécoise actuelle. Car cet État de matière naissante ou en évolution, existante ou en décomposition, Longchamps en a fait la matière même de ses mots, richesse immédiate d'une parole qui veut donner à l'existant la part du regard humain qui l'imprime, la force de cette incision des choses dans toute parole dite:

Voilà l'espace

pour la plaie vive et le cycle

aveugle

qui partagera notre fin

Obsession de l'ouroboros, bien sûr, car en toute chose vivante se tient la mort, car en tout geste on reconnaît son origine, son déploiement et sa fin. De plus en plus Longchamps tente de capter la durée entière des choses, d'en donner la synthèse et la genèse, toutes faces pliées et dépliées, l'univers semblable au ruban de Moebius, à la fois plan et dimensionnel, sculpture dont toutes faces à la fois seraient prises en un seul mot: poésie. Poésie urgente puisque chargée de sens, immense puisqu'elle cherche l'étendue:

Vous occuperez ainsi la demeure:

elle connaît l'exigence du vide

***

Isabelle Larrivée, La science des mots, Voir, du 13 au 19 avril 1989, page 15.

La poésie et la science partagent la même rigueur. Renaud Longchamps les unit pour en faire des légendes.

Renaud Longchamps est le lauréat du prix Émile-Nelligan 1988 pour son recueil Légendes suivi de Sommation sur l'histoire.

Depuis près de 15 ans, Longchamps collabore à plusieurs revues de poésie, publie des recueils de poésie et des romans. Il en est venu assez tôt à vouloir intégrer à ses écrits des références à la science, que ce soit la thermodynamique, la biologie moléculaire, la géologie, la paléontologie, etc. Singulier itinéraire qui fonde en quelque sorte la modernité du poète.

On retrouve dans son dernier recueil des références anthropologiques et une conception subjective de la nature. Celle-ci désormais travaillée et usée par la présence civilisatrice de l'homme ne correspond plus à cette nature paradisiaque des origines. C'est sans nostalgie et avec une lucidité implacable que l'écrivain fait le constat de "notre maladie civile". Appartiennent à cette nature tout aussi bien la rivière et le marais que la voie ferrée, l'or et le sentier.

Si la première partie du recueil nous invite à observer un panorama de cette nature, la seconde, en revanche, nous y fait pénétrer. C'est là que se joue la survie de l'espèce, confrontée au problème du nombre et de la décrépitude: "Société de l'usure/après laquelle viendra l'humanité/une coque de plus que l'univers fait frissonner", survie qui est aussi liée à son histoire.

La dernière partie du recueil agit un peu comme un "zoom out" qui nous permettrait de voir par moments la globalité de la planète, sa situation dans l'espace et, en même temps, comme une plongée dans l'intimité de l'être: "Quand la planète somme l'espèce/à récuser/l'os et la fleur/dans le millénaire visqueux de vos veines/dont on reconnaît/entre mille/le fossile".

Avec ce recueil, Longchamps poursuit son projet exigeant de confondre la poésie avec la science: "pratiquer, par plaisir et désir, une poésie ouverte, interrogative, soucieuse d'exactitude autant que de liberté...", tel pourrait être résumé, par l'auteur lui-même, son projet poétique.

Mais bien au-delà des quelques éléments de lectures dégagés ici, la complexité de l'écriture de Longchamps relève tout autant du délire exact que de la dérive scientifique. C'est pourquoi il est impossible de restreindre la profondeur sémantique de ses écrits à des paradigmes qui en réduiraient la portée.

Lire, plutôt. Lire et laisser résonner.

***

David Walker, LittéRéalité, volume 1, numéro 2, automne/fall 1989.

Dans son dernier recueil de poèmes, Légendes suivi de Sommation sur l'histoire, Renaud Longchamps nous ramène aux origines de l'espèce et offre une perspective "anthropoétique" sur son histoire et son évolution. Il s'agit d'une perspective assez originale qui s'inspire surtout du discours scientifique mais à laquelle le poète ajoute une dimension supplémentaire, celle de l'inquiétude humaine devant les lois sans réplique de cette "sale nature qui oblige" (page 13), Cette perspective un peu hybride mais que le poète réussit à maîtriser pleinement donne lieu à une puissante évocation de notre condition sur cette terre où "tout se perd dans la matière" (page 108).

Le recueil commence par une courte "Description du territoire" - terre, eau, arbre, ruisseau, marais, etc. - qui sert à nous placer devant un monde matériel, un mode de présence. Ces courts fragments descriptifs permettent aussi d'introduire dans le texte la voix lucide mais inquiète de l'être humain que ces données matérielles écrasantes menacent d'inonder sinon d'anéantir:

- misère de la multitude (page 16)

- cette vie terrestre dont l'état sera toujours vaine entropie (page 22)

- Dans le nombre des animaux faillis voilà une nature qui oblige au pourrissement (page 24).

Dans la principale partie du recueil, Légendes, nous remontons bien loin dans le temps (les allusions géologiques abondent) afin de revivre les débuts de l'espèce ("Je me lève de rien/parfaitement obligé") tant sur le plan corporel qu'intellectuel et émotif.

La dernière partie du recueil, Sommation sur l'histoire, reprend la même thématique mais en insistant plus sur le caractère négatif de notre condition de soumis:

La planète persiste

et c'est beaucoup trop

pour l'espèce

aux membres serviles (page 117).

Inertie, usure, entropie, chute, extinction, ces lois de la matière s'appliquent également à notre espèce qui en plus "connaît sa fin" et reconnaît sa propre matérialité: "La matière précipite les choses", dit le poète. "Dont l'inquiétude" (page 15). En face de lois universelles qui nous commandent et nous angoissent, le poète ne peut que confronter l'ordre naturel avec la condition humaine: "ce n'est pas un hasard/si je code/la confusion intelligente de l'ordre" (page 125).

Malgré une thématique assez familière - on penserait volontiers à Pascal si Longchamps ne soulignait pas la filiation (sur le plan parodique?). "Cesser de plier/pour le roseau (page 105), la poésie de Longchamps n'est pas facilement accessible. En effet le poète se plaît à brouiller les pistes moins par l'emploi d'un vocabulaire recherché que par une dislocation raffinée de la syntaxe qu'il effectue grâce à divers procédés, dont l'ellipse serait la principale. Il faut donc que le lecteur soit prêt à faire un certain effort en abordant cette écriture où, comme l'affirme Longchamps lui-même, le poète "essaie toujours d'inclure le maximum d'information dans le minimum de mots".

Ce recueil de poèmes a valu à son auteur le prix Émile-Nelligan 1989. Espérons que cela suscitera un intérêt croissant pour un poète prolifique (une quinzaine de recueils déjà!) mais, assez peu connu. Car, bien qu'il s'agisse d'une poésie parfois hermétique, il s'agit surtout d'une poésie originale dotée d'un rare pouvoir d'évocation.

Université York, Toronto.

***

Jean Royer, Le Devoir, le samedi 2 décembre 1989, page D-3.

La poésie est partout, sauf dans le langage, disait Georges Perros. Les poètes doivent donc fracturer le langage, le dédouaner, pour ne pas entrer dans son corset. Ainsi font Longchamps, Beaulieu, Soudeyns et les autres.

La voix de Renaud Longchamps s'allie à la réflexion de la science pour intuitionner les origines du monde, pour décrire le territoire de "l'éternité avant la mort", de la vie d'avant la parole. Longchamps situe sa poésie au cœur du mouvement premier de la vie. Avant les traces de la douleur. Cette poésie (qui lui a valu le Prix Émile-Nelligan 1989) est certes déroutante. Elle se situe hors lyrisme. Elle "somme" l'Histoire de se rétracter. Elle se fonde sur la théorie mathématique des "cordes fondamentales" qui tendent notre monde. Cette poésie est froide mais nous révèle des dimensions inférieures à la réalité. "Un jour vous verrez le mouvement/comme un vieil océan mouillé de sueur". Ou: "Dans la dimension inférieure/le bruit n'a pas de bouche". Ou: "J'aurai la mort que tu verras/remuer/dans les étoiles".

***

Gilles Toupin, Notre bibliothèque de l'été, La Presse, le vendredi 23 juin 1989, page K-2.

Le prix Émile-Nelligan 1989 a été attribué au poète Renaud Longchamps pour cet admirable recueil, publié chez VLB, qui met en place toute une archéologie du vivant, en interrogeant sans répit les multiples formes de la vie, comme pour en décrypter le sens. Dans ses rapports avec le périssable, Renaud Longchamps revient sans cesse aux notions d'aléatoire, de hasard, de contrainte. Et souvent, avec une puissance imagique formidable, il nous emmène en plein paysage de désolation, comme si la planète avait subi quelque cataclysme et que ce dernier nous aurait anéantis. Pour aller au-delà des pluies acides et pour la beauté du monde.

***

Claude Paradis, Gérald Godin, Paul Bélanger et Renaud Longchamps, Nuit blanche, numéro 36, 1989, page 28.

De la production automnale 1988, trois recueils de poésie ont particulièrement attiré mon attention: Poèmes de route de Gérald Godin, pour la simplicité d'expression et pour le plaisir de la sensibilité avouée et vécue; Projets de Pablo de Paul Bélanger, pour la surprise et la découverte, pour la promesse d'un excellent premier titre; Légendes suivi de Sommation sur l'histoire de Renaud Longchamps, pour un projet d'écriture rare et exigeant, pour un auteur prouvant hors de tout doute qu'une poésie vraie persiste en un lieu profond de l'être.

 [...]

Mais, des trois titres, celui de Renaud Longchamps m'a touché encore plus profondément. Je n'avais lu que deux de ses précédents titres (et distraitement!) et je me rends aujourd'hui compte de cette lacune. Quel poète! Quel beau recueil que ce Légendes suivi de Sommation sur l'histoire! Un des rares auteurs à façonner son Œuvre autour d'un véritable projet d'écriture ("dire l'histoire et l'évolution des espèces vivantes, abolissant du coup les frontières entre poésie et anthropologie", est-il écrit sur la quatrième de couverture), Renaud Longchamps traverse les cadastres du savoir et du sentir dans l'espoir d'atteindre "l'éclatement des fossiles" (page 32) afin de retrouver un lieu sans âge (qui rejoint tout âge). Tout est matière dans ce livre puisque tout est esprit; la durée y déloge l'éphémère et l'on admet aussitôt baigner au centre de ce que l'on persiste à vouloir nommer l'Art - ou la Poésie.

Cette poésie (où pourtant ne sont pas exclus la parole, le message) s'exprime dans des textes aussi tragiques que beaux comme, par exemple, "La terre oubliée", dont j'extrais ces lignes: "La terre oubliée/que tu combles de l'épuisement des espèces//Pour cet arbre au sol/excessif [...] Société de l'usure/après laquelle viendra l'humanité/une coque de plus que l'univers fait frissonner" (page 54).

Le recueil de l'année, peut-être de la décennie! [...]

***

Réginald Martel, 10e prix de poésie Émile-Nelligan, La Presse, le mardi 14 mars 1989, page B-4.

Renaud Longchamps [...] a remporté hier le prix de poésie Émile-Nelligan 1988 pour son recueil paru chez VLB Éditeur, Légendes suivi de Sommation sur l'histoire. [...]

En résumant l'esprit de la vingtaine d'œuvres soumises au jury, sa présidente Louise Desjardins a dit voir comme "un signe des temps peut-être (que) la poésie des moins de trente-cinq ans se préoccupe de plus en plus de la fragilité du lien que les hommes et les femmes entretiennent avec le sol qu'ils foulent, avec l'air qu'ils respirent et avec l'eau qu'ils boivent".

Elle a décrit avec des images tout aussi élémentaires la poésie du lauréat, qui "nous offre une eau pure, nous fait respirer le grand air, nous porte sur une terre grouillante de vers et de vies, nous transmet un feu créateur sans précédent".

M. Longchamps s'est expliqué en quelques mots sur son art. Retenons les plus transparents: "Je suis en poésie parce que la vie est insuffisante, ou contrariée. La seule évasion permise, c'est le rêve. et le rêve des rêves, c'est la poésie."

 [...]

Mme Francine Déry et M. Paul-Chanel Malenfant faisaient partie, avec Mme Louise Desjardins, du jury qui a préféré l'œuvre de M. Longchamps à celles des autres finalistes, Mme Hélène Dorion et MM. Pierre Albert, Paul Bélanger et Guy Ducharme.

***

Guy Ferland, Renaud Longchamps remporte le Prix Émile-Nelligan 1988, Le Devoir, le mardi 14 mars 1989, page 9.

Renaud Longchamps a remporté le Prix Émile-Nelligan 1988 pour son recueil de poèmes intitulé Légendes suivi de Sommation sur l'histoire, publié chez VLB Éditeur.

Le prix a été remis hier à la Bibliothèque nationale par la Fondation Émile-Nelligan au cours d'une cérémonie sous la présidence d'honneur de Jacques Michon.

Le poète de Saint-Éphrem recevait par la même occasion une bourse de $3,000 ainsi qu'une médaille à l'effigie du poète Nelligan frappée à la monnaie de Paris.

Dans son discours la présidente du jury, Louise Desjardins, soulignait que "la poésie de Renaud Longchamps dans ce livre est si parfaite de forme et de sens qu'on ne pourrait ni lui enlever ni lui ajouter un seul mot... Cette écriture de terre sans frontière et de vie plus forte que la mort a convaincu le jury à l'unanimité."

Outre la présidente, le jury de cette année était composé de Francine Déry et de Paul Chanel Malenfant. [...]

Le Prix Émile-Nelligan en est à sa dixième édition et couronne l'œuvre d'un poète de langue française d'Amérique du Nord de moins de 35 ans.

Renaud Longchamps est né en 1952. [...] Il a écrit près d'une vingtaine de livres, romans et recueils de poèmes, et a collaboré à plusieurs revues.

Dans une entrevue qu'il accordait au Devoir en 1987, il déclarait: "Dans ma poésie, j'essaie toujours d'inclure le maximum d'information dans le minimum de mots. Le préliminaire au poème, c'est une quête d'information, et cette information est essentiellement scientifique. Je trouve mon inspiraton dans la science, ce qui est assez paradoxal, je l'avoue. [...] " En parlant du recueil primé, Louise Desjardins soutenait que "le poète nous offre une eau pure, nous fait respirer le grand air, nous porte sur une terre grouillante de vers et de vies, nous transmet un feu créateur sans précédent." Un exemple tiré de Légendes... vous convaincra:

Au corps interminable

il suffira de l'eau et d'un repère

sous le continent

petite terre qui nourrit son ordre

Vois ces quelques couleurs

entre les plis de la terre

Bientôt vous tomberez

voilà l'éternité!

Un soulier avant l'autre

vertical

sous le pissentlit

sur la molle adhérence de la terre à la vie

***

 Avis aux collectionneurs et aux bibliophiles! Suite à une erreur de la nouvelle direction de VLB Éditeur, presque toute la première édition a été détruite. On estime à moins de deux cents les exemplaires en circulation.

                                             ***

 Première édition:

Légendes suivi de Sommation sur l'histoire, VLB Éditeur, 1988, 125 pages.

Deuxième édition:

Dans Oeuvres complètes, Tome 5, Propositions, Éditions Trois-Pistoles, 2003, pages 7-125. 

                                                              ***

Des extraits ont été publiés:

Dans la revue Estuaire, numéro 43, hiver 1986-1987, pages 16-22.

Dans l'anthologie Poésie du monde francophone, Le Castor Astral/Le Monde, 1986, page 105.

Dans le répertoire Vision d'art Beauce 1990, Musée Méchatigan, 1990, page 6.

                                             ***

"Renaud Longchamps poursuit, avec Légendes et Sommation sur l'histoire, son projet poétique de dire l'histoire et l'évolution des espèces vivantes, abolissant du coup les frontières entre poésie et anthropologie. Ce qui se joue ici, c'est la survie de l'espèce et le poète rassemble toutes ses énergies pour dire l'énervement de la vie, la nécessité de penser juste parmi le concert des voix neutres.

                                             ***

Légendes suivi de Sommation sur l'histoire, VLB Éditeur, 1988, 125 pages.