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Renaud Longchamps

Photographié par Stéphanie Gilbert.

Extraits de Décimations 1. La Fin des mammifères

 

 

 

Je confondais la vie

et la nature n'arrivait pas à soustraire

le corps

au futur impérial

.

Le sourire viendra avec les lèvres

avec la perte de la matière

dans la matière de l'autre

.

Tu quittes l'élément

pour l'instant qui ne demande rien

pas même l'habitude à la gravité

.

Tu charges l'air

d'impostures et de cris

 

                                        *

 

La beauté sème l'éternité

dans l'ordre du chaos

 

La matière se désintégrait

avant ma naissance

 

La matière s'installait

alors

dans les corps terrestres

pour mieux habiter le silence

derrière le bruit

 

Encore aujourd'hui

les continents dérivent de force

 

Les continents s'élèvent

s'enfoncent

 

La matière entière

se plie à la gravité

 

Les montagnes s'élèvent

toujours

 

Les dents se brisent

toujours

 

Mais la circulation de la chair échappe à l'infini

 

                                        *

 

La Terre décima

cent fois

la vie naissante

 

Le repos dans la matière n'est pas pour demain

 

En ce temps de tous les éléments

la Terre partageait le feu

avec le feu

 

Elle brisait

le matin

les briques élémentaires

de la nouvelle chair

 

La vie retombait

au fond de l'océan

et roulait mille fois

entre les décombres

et les débris

 

La vie composait

la vie se décomposait

 

Les pierres célestes mitraillaient le ciel

brisaient les continents

 

Pourtant nous devons

la raison et le rêve

à ces astres inconscients

qui dévastèrent la Terre

cent fois

mille fois

 

Ce qui tombait

et retombait

n'avait pas de sens

 

Aujourd'hui

l'éternelle gravité reste à démontrer

pour l'espèce impatiente

de s'envoler

vers les étoiles

 

Du végétal à l'animal

de l'oeuf à la mamelle

il y a tous les pas que nous franchissons

par effraction

des continents

 

Il y a ce pur mouvement

né de la douleur

 

Il y a ce vide constant

né de la disparition

 

Il y a enfin ce repos dans la vie

qui n'est pas pour demain