Extrait de Décimations 3. Ataraxie
À la limite des yeux
À la limite des yeux
vous refusez au ciel
la lumière noire de l'univers
Vide conscient
de la matière impossible à porter
Pour la cervelle réelle
et quotidienne
il y a le prix à payer
Aux rampants nous disputons
à l'occasion
le pouvoir de vivre et de mourir
debout
ou
à genoux
avec les poux
Car nous ignorons
la logique impérieuse de l'usure
Les corps
chargés de l'avenir et du passé
s'immobilisent
Vous bougez alors pour l'échange
L'enfant dort dans sa première cellule
Vous bougez encore
Les rêves sont de la poussière
habitée par l'impossible gravité
Ils ne quittent jamais l'atmosphère générale
de la chair
Ainsi les rêves ne dévient jamais la pierre céleste
en route vers la Terre
Celle qui précipite le chaos
Les rêves retombent toujours
et recouvrent la réalité intangible du désir
Voilà pourquoi l'humanité rampe
dans son lit défait
sur tous les corps solides et solitaires