Extraits de Décimations 1. La Fin des mammifères
Je confondais la vie
et la nature n'arrivait pas à soustraire
le corps
au futur impérial
.
Le sourire viendra avec les lèvres
avec la perte de la matière
dans la matière de l'autre
.
Tu quittes l'élément
pour l'instant qui ne demande rien
pas même l'habitude à la gravité
.
Tu charges l'air
d'impostures et de cris
*
La beauté sème l'éternité
dans l'ordre du chaos
La matière se désintégrait
avant ma naissance
La matière s'installait
alors
dans les corps terrestres
pour mieux habiter le silence
derrière le bruit
Encore aujourd'hui
les continents dérivent de force
Les continents s'élèvent
s'enfoncent
La matière entière
se plie à la gravité
Les montagnes s'élèvent
toujours
Les dents se brisent
toujours
Mais la circulation de la chair échappe à l'infini
*
La Terre décima
cent fois
la vie naissante
Le repos dans la matière n'est pas pour demain
En ce temps de tous les éléments
la Terre partageait le feu
avec le feu
Elle brisait
le matin
les briques élémentaires
de la nouvelle chair
La vie retombait
au fond de l'océan
et roulait mille fois
entre les décombres
et les débris
La vie composait
la vie se décomposait
Les pierres célestes mitraillaient le ciel
brisaient les continents
Pourtant nous devons
la raison et le rêve
à ces astres inconscients
qui dévastèrent la Terre
cent fois
mille fois
Ce qui tombait
et retombait
n'avait pas de sens
Aujourd'hui
l'éternelle gravité reste à démontrer
pour l'espèce impatiente
de s'envoler
vers les étoiles
Du végétal à l'animal
de l'oeuf à la mamelle
il y a tous les pas que nous franchissons
par effraction
des continents
Il y a ce pur mouvement
né de la douleur
Il y a ce vide constant
né de la disparition
Il y a enfin ce repos dans la vie
qui n'est pas pour demain